[RITUEL MAÇONNIQUE MANUSCRIT vers 1760] - joli manuscrit de la 2e moitié du 18e siècle, intitulé "cathéchisme des franc-maçons", Slnd, , (v. 1760), in 8° carré, d'une fine écriture penchée, cart. papier imprimé en bleu de motifs fleuris et de papillons, charmant cartonnage 18e.
3 500 €
Très original manuscrit maçonnique de la seconde moitié du 18e siècle, sans doute vers 1760. Il possède de notables archaïsmes lexicaux (Roy, bouëte d'yvoire, prophanes, ditte moy le mot, middy, la houpe d'anglée pour orner la cyselure...) et de nombreuses variantes originales par rapport aux versions classiques du rituel de l'époque. Les mots de passe sont souvent phonétiques et donc quelque peu déformés. Quoique de rite français classique l'ordre et le contenu des grades est souvent original. Les cérémonies, les mots et les catéchismes figurent en entier pour les principaux grades, sauf pour certains hauts grades. Etrangement les grades d'apprentif et compagnon ont des tableaux de loge ou "toile étandüe sur le plancher" proche du rite d'adoption (un jardin avec l'arbre de la connaissance, Adam et Eve et le serpent; puis pour le compagnon les deux colonnes d'Enoch, l'arche de Noé et la tour de Babel), alors que le catéchisme est classique. L'apprentif est reçu sous une voûte d'acier, après le serment sa bouche est scellée symboliquement avec une truelle. On lui transmet un signe de discrétion (qui ne se retrouve qu'au rite d'York). Le compagnon est un grade complémentaire, il ne reprête pas serment. Le discours sur l'absence des femmes en maçonnerie est des plus originaux "La première loge a été tenüe par le grand architecte du monde en présence d'Adam dans le paradis terrestre pour l'instruire de l'excellence de sa nature et de son usage et comme Dieu prévoyait sa chute il luy donna d'avance les premières leçons de l'architecture... et expliqué: alors la femme n'étoit point formée, première raison pour vous justifier de l'exclusion que notre ordre donne au sexe, l'autre prétexte de l'exclusion qui est très bien fondé, est tiré de l'origine et circonstances de la chute d'Adam, notre loge étant un espèce de paradis terrestre, nous crainderions d'en être chassés comme de l'autre si les femmes y mettoient le pied " (sic). La loge des Maîtres est tracée en carré long représentant le Temple de Salomon, avec un cercueil au milieu. La légende d'Hiram est exposée mais la cérémonie ne présente aucune dramaturgie. Avant le catéchisme de Maître on trouve une note sur l'attirail (sic) qui fut trouvé en 1740 chez un franc-maçon parisien (un Maître de loge). Le catéchisme, très long, décrit un triangle d'or avec le nom de Dieu en hébreu déposé sur la tombe d'Hiram. Après le grade de Maître on trouve des chansons dont la première est intitulée "Parodie de la marche (par f... Godonesche) pour la santé du Roy", puis la chanson des Maîtres, et la santé des Officiers. Les hauts grades débutent par un "Parfait maçon Elu", il est assez complet et les noms des assassins qui sont donnés sont ceux de l'Elu de Pérignan. Suit un grade d'Ecossais, assez succinct et différent du Mtre Ecossais classique. Un Elu des 15, tout aussi succinct et sans les mots. Un Petit Architecte avec juste les mots, et un Grand Architecte de même. Un Chevalier d'Orient, ici dénommé "chevalier de l'épée et de Rose croix", qui décrit un curieux bijou portant une étoile à 9 branches de nacre de perle avec d'un côté un soleil et de l'autre un poignard. Il contient la doctrine de l'Illustre (le candidat), dont la marque est l'étoile. Les mots sont bien ceux du chevalier d'Orient. Enfin l'ensemble se termine par "le 7e grade de la maçonnerie, le Noachite ou le chevalier prussien", il est assez conforme aux versions connues comme celle donnée par Bérage ou par Guillemain de St Victor. C'est donc un singulier manuscrit qui se situe au moment de l'apparition du grade de Noachite, que les historiens situent généralement autour des années 1757. Etrangement le manuscrit ne possède pas de grade de Rose-Croix qui était en général très répandu à l'époque. Très intéressant document singulier.